vendredi 27 novembre 2009

République démocratique du Congo

Echec des opérations militaires
Kinshasa, BCC Afrique  

La BBC a pu se procurer une copie du rapport du Groupe des experts de l'ONU sur la R.D.C. qui devait être débattu mercredi au Conseil de Sécurité, très critique des opérations militaires contre les rebelles Hutu-Rwandais des F.D.L.R. tandis que ces derniers continuent de se financer par le commerce illégal de minerais. Les opérations militaires ont aussi exacerbé la crise humanitaire dans les Kivus selon le panel d'experts et ont permis aux anciens rebelles du C.N.D.P., intégrés à l'armée nationale (FARDC), d'étendre leur influence sur la region. De sa lecture du rapport notre correspondant à Kinshasa, Thomas Fessy, a retenu que les opérations militaires soutenues par la Mission des Nations unies n'ont tout simplement pas permis de neutraliser les milices Hutu-rwandaises des F.D.L.R., selon le Groupe d'experts de l'ONU. Preuves à l'appui, le rapport démontre comment les F.D.L.R. ont su jouer de leur réseaux régionaux et internationaux pour continuer à recevoir des armes et à recruter de nouveaux combattants. Les rebelles sont ainsi en contact avec nombre d'officiels et hommes d'affaires dans les pays frontaliers des Kivus : le Burundi, la Tanzanie et l'Ouganda. Leurs actions sont coordonnées par une diaspora très active de chefs rebelles etablis en Europe et en Amérique du Nord. Le rapport montre aussi que les F.D.L.R. ont gardé le contrôle de bon nombre de mines - d'or et de cassitérite principalement - au Nord et Sud-Kivu, dont l'exploitation leur rapporte des millions de dollars. D'importantes quantités d'or sont exportées jusqu'aux Emirats arabes unis en passant par l'Ouganda et le Burundi. Les experts de l'ONU ont aussi enquêté sur les activités des ex-rebelles du C.N.D.P. dont l'ancien chef d'Etat-major, Bosco Ntaganda, pourtant sous le coup d'un mandat d'arrêt de la Cour pénale Internationale pour crimes de guerre. Il a été adoubé par les présidents congolais et rwandais comme nouveau chef du mouvement apres l'arrestation de Laurent Nkunda en janvier dernier. Chargé de gérer l'intégration des élements C.N.D.P. au sein de l'armée nationale, Bosco Ntaganda a cependant mis en place un système de taxation lui rapportant au moins 250,000 dollars par mois, peut-on lire tandis qu'il profite également du commerce illégal de minerais vers Kigali et contrôlerait plusieurs caches d'armes dans les Kivus. Plus grave, le rapport indique clairement que sous le commandement de Bosco Ntaganda, les unités C.N.D.P. intégrées à l'armée se sont rendues responsables de tueries ciblées, de viols et autres violations des droits de l'homme au cours d'opérations militaires. Le Groupe des experts conclut que les activités du C.N.D.P. provoquent des tensions entre communautés ethniques dans le Nord-Kivu notamment. Sur la M.O.N.U.C. les rapporteurs notent la contradiction de son mandat lui demandant de protéger les civils tout en appuyant des opérations militaires qui ont aggravé la situation humanitaire dans la région. Reste à savoir comment le Conseil de sécurité des Nations unies, qui a voté par deux fois en faveur du soutien aux opérations, réagira tandis que le renouvellement du mandat de la force onusienne approche.     Par Thomas Fessy 
 

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