vendredi 27 novembre 2009

République démocratique du Congo

Députés de l’opposition et de la majorité corrompus dixit Ruberwa
 
Le titre de ce petit article dévoile un secret de polichinelle. Il s’inspire de l’interview qu’Azarias Ruberwa vient de donner cet avant-midi à la RFI. Même si ses prises de position sur le retour des réfugiés Hutu au Rwanda et sur celui des réfugiés Tutsi en RD Congo sont sujet à débat, la perception qu’Azarias Ruberwa du niveau atteint par l’achat des consciences et la corruption dans notre pays relance la question des slogans tels que « tolérance zéro ». Comment un conglomérat de corrupteurs peut-il lutter contre la corruption ? « Tolérance zéro » est un slogan pour rire et effrayer « les petits koluna »…
Au cours de l’interview accordée à Christophe Boisbouvier de la RFI ce mardi (24 novembre 2009), Azarias Ruberwa se montre inquiet face aux proportions prises par la corruption.
Pour lui, le retournement de votes dans le dernier bastion du MLC de Jean-Pierre Bemba est le fruit de l’achat des consciences et de la corruption. Cette dernière est tellement généralisée qu’il n’y a pas que les députés et les sénateurs de l’opposition qui sont corrompus ; il y a aussi ceux de la majorité. Pour ce leader politique de l’une des ailes du RCD, la corruption est devenue un véritable scandale au Congo. Elle décapite l’opposition dans la mesure où elle assoit le leadership politique sur l’achat des consciences. Au cours de cette interview, il prodigue un conseil aux politiciens affairistes : il leur demande d’abandonner la politique pour les affaires. Les compatriotes ayant suivi Azarias Ruberwa sur RFI pourraient retrouver dans ses propos ceux de Karel De Gucht décriant « les privilèges fabuleux » des oligarques au pouvoir depuis la guerre d’agression que les Etats-Unis et la Grande-Bretagne nous ont imposés à travers leurs alliés Ougandais, Rwandais et Burundais.
 
Ce que l’interview de Ruberwa ne dit pas
 
Le ton emprunté par ce leader politique Rwando-congolais (par la force des choses) cache mal le fait que la corruption qu’il décrie est systémique. Elle participe de la  guerre d’agression et de la réalisation de ses objectifs majeurs. Si, après Mobutu, l’AMP s’est mobutisée en faisant graviter autour d’elle les à-plaventristes, présidents et membres des partis politiques alimentaires, c’est parce que (entre autres) « l’autorité morale de l’AMP » partage, avec Ruberwa, l’idéologie du Congolais BMW. Décapiter le conglomérat d’aventuriers congolais au pouvoir à Kinshasa en le corrompant aide « ces tueurs tutsi », sous-traitants des U.S.A. et de la Grande-Bretagne, dans la guerre d’usure menée contre notre pays, à accumuler les preuves de la vénalité des Congolais(es) . Il nous semble que ce n’est pas un hasard que celui qui avoue, sur les ondes de la RFI que la majorité et l’opposition congolaises sont corrompues soit aussi celui qui affirme qu’il est candidat à la candidature pour les élections hypothétique de 2011.
En effet, soit dit en passant, au sujet  de ces élections, Azarias Ruberwa dit disposer des preuves démontrant qu’elles n’auront pas lieu, les conditions politiques, sécuritaires et matérielles faisant défaut.
A notre humble avis, l’interview d’Azarias Ruberwa semble participer d’un jeu fin des rôles.
Après que « l’autorité morale de l’AMP » ait accompli sa part de besogne, un autre membre du FPR ou des groupes  alliés serait en train de se préparer à prendre la relève. Et les Congolais véreux se contenteraient du second rôle de porteurs de mallette et de « mangeurs ».
 
La reconversion ratée
 
La légitimité politique relevant, en plus des élections au suffrage universel, de certains impératifs à caractère éthique, « la révolution du 17 mai 1997 » l’a loupée pour s’être construite à partir d’un réseau maffieux de la prédation. Déjà en 2003, Azarias Ruberwa était aux affaires, une ONG néerlandaise, NIZA, publiait un texte intitulé « L’Etat contre le peuple ». Ce texte montrait que les gouvernants Congolais étaient embourbés dans la corruption. Affairistes et seigneurs de guerre, ils n’avaient pas réussi la reconversion : devenir des hommes politiques. Donc, la corruption que Ruberwa décrie aujourd’hui participe du système concocté par les Acteurs majeurs de la guerre d’agression et d’usure  à laquelle nous résistons depuis 1996. En d’autres termes, Azarias Ruberwa est un membre à part entière du réseau transnational des affairistes travaillant à la décapitation de la politique et l’éthique en RD Congo. Pour dire les choses simplement, il ne serait pas l’homme politique Rwando-congolais (par la force des choses) le mieux placé pour donner des leçons morales aux députés et sénateurs congolais corrompus. Les lecteurs du livre de Jean-Pierre Badidike intitulé « Guerre et droits de l’homme en République Démocratique du Congo » pourraient être édifiés sur ce leader politique de l’une des ailes du RCD, allié du Rwanda de Paul Kagame. Néanmoins, qu’Azarias Ruberwa, allié de « l’autorité morale  de l’AMP » confesse, de l’intérieur du système politique qu’ils ont édifié ensemble que celui-ci est profondément corrompu, cela devrait conforter les Résistants Congolais et les autres forces congolaises progressistes dans leur approche d’une politique de rupture et de  refondation en RD Congo.

 
J.-P. Mbelu

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