9 décembre 2009
MESSE A LA CATHEDRALE DE BUKAVU
Son Excellence Monseigneur
François Xavier Maroy, Archevêque de Bukavu,
Chers consacrés dans le
Seigneur : Prêtres, religieux et religieuses
Chers parents et toute la famille
de notre Sr Denise,
Chers frères et sœurs qui
êtes venus nous soutenir et accompagner notre Sœur,
La mort de notre
Sœur Denise KAHAMBU s’inscrit dans le même contexte que celle de l’Abbé Daniel
que nous venons d’enterrer et de toutes les autres victimes de la méchanceté
humaine dans notre région, connues ou inconnues.
Notre Sœur
s’appelle Denise KAHAMBU MUHAYIRWA.
Elle est née le 12
décembre 1964 à Kiluvu, diocèse de Butembo-Beni.
Elle est entrée au
monastère le 15 décembre 1991.
Elle a fait sa
profession temporaire le 8 décembre 1994 et profession solennelle le 28
décembre 1999. Elle est morte le
7 décembre 2009.
Elle a exercé
successivement en communauté :
Le service d’aide
hôtelière, jardinière, portière et chargée de l’accueil des plus démunis,
sous-maîtresse, responsable de l’exploitation agricole, chantre, responsable de
l’accueil et de la porterie, et c’est dans ce service qu’elle vient de mourir.
C’est aussi elle qui nous réveillait.
Elle a exercé ses
responsabilités avec force et courage et nous lui reconnaissons une grande
discrétion. Ces derniers temps elle était très occupée à cuire des quantités de
nourriture pour les pauvres et cela chaque jour comme si elle savait que
c’était la fin.
C’est un fruit mûr
qui est cueilli. Le mois de décembre est un mois cher à Sr
Denise et elle disait qu’elle mourrait en décembre.
C’est après ce
chant du Salve qu’elle s’est dirigée vers son service pour desservir les tables
où elle avait servi nos hôtes venus de Goma pour participer à la vêture de
leurs filles, nos deux postulantes qui devaient commencer leur noviciat ce 8
décembre.
C’est vers 19h30
au sortir des Complies que nous avons pris conscience d’une présence d’hôtes
indésirables dans la cour. Ceux qui l’ont abattue ne lui ont pas parlé, ils
n’ont posé ni question ni recherché de l’argent. Ils l’ont poursuivi où elle
courait en criant pour essayer de leur échapper, et il lui ont tiré une balle
dans la cuisse. Elle est tombée sur le champ. Ils ont tiré aussi sur les
visiteurs, mais ne les ont pas atteints. Ce bruit a alerté l’ensemble de la
communauté ; chacune a fui comme elle pouvait mais pour nous retrouver
toutes au dortoir. Très vite les assaillants sont venus derrière les portes du
dortoir, mais nous n’avons pas ouvert : il n’y avait plus moyen pour nous
de sortir pour secourir notre Sœur qui continuait à saigner. Après quelques
minutes elle est morte.
Ensuite c’est
grâce à ses cris et au bruit des tirs qui l’ont atteinte que le reste de la
communauté s’est mis à l’abri. Sans cela il y aurait plusieurs morts. C’est
dans la douleur mais aussi dans la reconnaissance que nous célébrons cet
événement. En ceci, nous disons merci à notre sœur d’avoir donné sa vie pour
toute la communauté et j’invite les sœurs Trappistines à se lever et à chanter
le TE DEUM. Si la chorale nous accompagne ce sera bien. Et après je continuerai.
Enfin cette mort
est solidaire de tant d’autres personnes connues et inconnues, victimes
innocentes des massacres dans notre milieu.
Prions le Seigneur
pour que tout ce sang répandu féconde son Eglise et lui fasse porter de bons
fruits.
Que Notre Dame de la Paix et Notre Dame de la Clarté-Dieu , la Vierge toute pure, nous
garde sous sa protection.
Sr Jeanne Lubingo