mardi 27 octobre 2009

Bukavu, la cité des meurtres


Enquête sur les assassinats de journalistes dans la capitale du Sud-Kivu (Par Reporters Sans Frontières)

Résumé
En trois ans, trois journalistes congolais ont été assassinés à Bukavu. Trois crimes destinés à punir des journalistes ou leurs médias d'avoir révélé des informations compromettantes pour les potentats locaux ? Trois meurtres en tout cas restés impunis, tant la police et la justice se sont acharnées à ne pas retrouver les coupables. Ou, pire encore, à remettre en liberté ceux dont tout désigne la responsabilité directe : des hommes politiques, des militaires, des trafiquants mafieux, autant de groupes violents qui font la loi au Kivu. Malgré les pressions des Nations unies, de l'Union européenne et des ONG, le gouvernement de la République démocratique du Congo et l'armée congolaise s'abstiennent de rétablir l'ordre et la justice. L'enquête menée par Reporters sans frontières au Kivu en décembre 2008 établit un constat accablant. Pascal Kabungulu Kibembi, journaliste, secrétaire exécutif de l'association Héritiers de la justice, vice-président de la Ligue des droits de la personne dans la région des Grands lacs (LGDL), est abattu par balles à son domicile dans la nuit du 31 juillet au 1er août 2005. Les soupçons se portent immédiatement sur le lieutenant-colonel Thierry Ilunga, commandant de la 105e brigade des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC). Arrêté, jugé, condamné pour meurtre, ce seigneur de la guerre est mystérieusement relâché au bout de 24 heures. Sans explication. Serge Maheshe, secrétaire de rédaction à Radio Okapi, est assassiné le 13 juin 2007, en pleine rue, devant ses amis Serge Muhima et Alain Mulimbi. Convoqués en qualité de témoins, ces derniers identifient formellement l'un des tueurs, un militaire. Résultat : ils sont condamnés l'un et l'autre à la peine de mort pour "association de malfaiteurs" ! Les faux témoins qui les accusent finissent par se rétracter. Les amis de Serge Maheshe sont finalement acquittés le 21 mai 2008. Mais le militaire suspect, lui, ne sera jamais inquiété. Didace Namujimbo, également journaliste à Radio Okapi, plusieurs fois menacé, est assassiné le 21 novembre 2008 à quelques pas de son domicile. Sous la pression, la justice civile ouvre une procédure. Mais, très vite, la justice militaire lui force la main et s'empare du dossier. Quatre mois après les faits, aucune date n'a été retenue pour l'ouverture du procès. Ce rapport présente les résultats des investigations menées pour chacun de ces assassinats. Il détaille les procédures judiciaires bâclées ainsi que l'incurie et la corruption d'une partie de l'institution judiciaire. Il dénonce le pouvoir des militaires et de leurs supplétifs, ainsi que le rôle joué en sous-main par les groupes de pression miniers. Indignée par ces crimes graves et par les entraves permanentes à la liberté de la presse, Reporters sans frontières réclame la mise en place sans délai d'une commission judiciaire spéciale.


Note : Vous pouvez me demander l'intégralité de ce rapport ou vous adresser directement à Reporters Sans Frontières



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